Un nouveau soin de support : la psycho-socio-esthétique

Publié le par Laura Frémont

Un nouveau soin de support : la psycho-socio-esthétique

La praticienne en psycho-socio-esthétique exerce une fonction d'accompagnement de la personne alliant une approche relationnelle et un travail corporel.

Pour cela, elle utilise les soins esthétiques comme outil afin d’entrer en relation avec la personne et répondre à certains de ses besoins spécifiques que ne prennent pas en charge les soins traditionnels.

Cette pratique permet une prise en compte globale de la personne et prend en considération, non seulement l’état de la peau et des phanères, mais aussi la souffrance psychologique et physique inhérente à la problématique ou à la pathologie associée.

Le toucher favorise la communication verbale et vise à mettre en place les soins de confort et de mise en valeur de la personne. Ils lui permettent alors d’accéder à un mieux-être et à une revalorisation de l’estime et de l’image de soi, indispensables au recouvrement de la santé et d’un statut social.

La psycho-socio-esthéticienne peut intervenir dans le champ médical et social à la demande des praticiens et d’une équipe pluridisciplinaire.

La place des soins psycho-socio-esthétiques en oncologie

Depuis le Plan Cancer 2003, la mesure 42 a lancé le développement des soins de support dont la socio-esthétique.

Le cancer et ses traitements engendrent des modifications profondes de l’image de soi. Les soins psycho-socio-esthétiques ont une action apaisante : ils aident le patient, dans un premier temps, à mieux supporter la maladie. De plus, le toucher permet d’œuvrer à la restauration de l’estime de soi, à la revalorisation de la personne et à sa reconstruction identitaire.

La perte de confiance en soi engendre chez la personne le besoin de réapprivoiser ce corps souffrant. Les soins esthétiques restaurent l’image corporelle altérée par la maladie et les traitements médicaux. Ils permettent de pallier les effets secondaires des traitements sur la peau et les ongles. Grâce aux conseils prodigués, au maquillage correcteur réalisé, les patientes peuvent se réapproprier leur corps et reprendre confiance en elles, retrouvant leur identité féminine altérée. Elles sont ainsi plus aptes à renouer avec le monde extérieur.

Les soins psycho-socio-esthétiques permettent également d’offrir un moment de détente, de bienveillance, de douceur, de bien-être aux malades angoissés qui peuvent ainsi «oublier» quelques instants leur maladie. Ces soins sont un moyen privilégié d’établir un contact humain et de lutter contre l’isolement dû à la maladie. Un moment pour narcissiser ce corps dévasté par des souffrances multiples.

Lors du cancer, l’image de soi est particulièrement atteinte. Le rôle de la PSE est primordial : elle permet aux patients de trouver un espace de soin intime, personnalisé et de confort. Une douce parenthèse dans un moment de solitude où le patient perçoit ses traitements sur un mode invasif, angoissant et traumatisant.

Le rôle de la psycho-socio-esthétique dans l’aide aux victimes de psychotraumatismes

Focus sur les femmes victimes de violence conjugale

En France, une femme sur dix a déjà subi des violences conjugales, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint. Parmi les nombreux effets de la violence conjugale, on remarque une destruction de l’estime de soi chez la femme victime de celle-ci.

La psycho-socio-esthéticienne fait partie des acteurs pouvant aider à la restauration de l’estime de soi de ces femmes grâce à son accompagnement spécifique. Ses objectifs sont :

  • redécouvrir la notion de plaisir
  • favoriser la détente, la relaxation
  • rendre de nouveau la personne active dans la redécouverte de son bien-être
  • aider la personne à se reconnecter à son corps
  • reconstruire une identité perdue
  • restaurer des liens sociaux afin de rompre l’isolement et les réinsérer dans la société

La psycho-socio-esthéticienne met en place un cadre sécurisant et une écoute active, respectueuse et bienveillante. Les soins proposés favorisent le plaisir, la confiance en soi, et impliquent la patiente dans ces actes. La praticienne rassure la patiente, corrige ses idées fausses sur elle-même et veille à l’informer de tous ses progrès. Il s’agit donc d’une reconstruction à laquelle la patiente participe activement.

Exemple d’un suivi psycho-socio-esthétique chez une femme victime de violences conjugales

Il s’agit de Madame D., âgée de 28 ans :

Victime de violences conjugales, elle a été « placée » par une association dans une chambre d’hôtel en attendant un autre logement. Cette femme a été également prostituée et elle a subi des violences pendant cette période.

Le premier entretien permet à Madame D. de fixer les objectifs qu'elle souhaite atteindre au cours de ses séances.

Au début du suivi :

Madame D. pense qu’elle est une « ratée », elle a une opinion négative d’elle-même et ne se sent pas fière d’elle. De plus, elle exprime un important écart entre ce qu’elle pense être physiquement et ce qu’elle pense devoir être. Elle en souffre beaucoupet évoque ses différents complexes (poids, cicatrices…) qui l’empêchent d’accepter le regard de l’autre ou tout contact corporel.

Il lui est difficile de supporter mon regard ou que je puisse toucher son visage non maquillé. Il en est de même pour le modelage du dos : Madame D. a peur de me montrer son corps. Elle craint le jugement que je pourrais porter sur elle et exprime aussi son sentiment d'isolement physique et psychologique, d’abandon, d’exclusion et d’échecs successifs.

Au cours des séances se travaillent et se reconstruisent :

  • le sentiment de confiance en soi
  • son désir d'être plus active dans les soins
  • le sentiment de retrouver l'appartenance à un groupe
  • le sentiment de réussite

A la fin du suivi :

Madame D. accepte mon regard et mon toucher sur son visage ainsi que sur son dos. Elle perçoit la sensation de détente sur tout son corps.

Lors du dernier rendez-vous, elle me dit qu’elle se sent beaucoup plus assurée : elle affirme que les soins psycho-socio-esthétiques lui ont apporté une nouvelle image d’elle et de son corps. Elle se sent prête à refaire des soins en institut. Madame D. me confie s’accorder beaucoup plus de temps pour prendre soin d’elle depuis le début de nos séances.

Elle a développé une confiance en elle et ressenti un sentiment de fierté plusieurs fois lors de notre travail. En effet, elle a elle-même souligné la redécouverte de ses capacités lors du maquillage et le fait de le réussir aussi bien que les autres.

En conclusion, Madame D. qui, au départ, possédait une estime d’elle-même très basse, a commencé à se reconstruire. En effet, si l’on reprend les trois piliers de l’estime de soi, décrits par Christophe André et François Lelord (l’amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi), Madame D. a une bien meilleure image d’elle, elle s’accepte mieux et elle a aussi retrouvé sa confiance en elle.

C'était là tout le but de l'intervention des soins psycho-socio-esthétiques.

La psycho-socio-esthétique et la dépression

La dépression est une maladie qui peut toucher tout le monde (quelque soit son âge, son sexe, son niveau social…) et qui entraîne une souffrance et une gêne importantes. Elle se caractérise par une grande tristesse, une perte de l’estime de soi, un sentiment d’inutilité, de désespoir, une perte de motivation et de capacité de décision, une diminution du sentiment de plaisir, des troubles alimentaires et du sommeil, des pensées morbides et l’impression de ne pas avoir de valeur en tant qu’individu.

Grâce à son écoute, sa bienveillance et au travail corporel, la psycho-socio-esthéticienne peut apporter une aide aux personnes souffrant de cette maladie handicapante.

Les objectifs des soins psycho-socio-esthétiques sont les suivants :

  • restaurer l’estime et l’image de soi
  • étayer le sentiment d’identité
  • réinvestir son corps
  • retrouver l’envie de s’occuper de soi
  • redécouvrir la notion de plaisir
  • rompre le sentiment d’isolement
  • favoriser l’autonomie

Afin d’illustrer ces propos, voici quelques exemples de suivis psycho-socio-esthétiques avec des personnes souffrant de dépression.

Madame E., 47 ans, hospitalisée dans un service de rééducation neurologique depuis quelques jours, souffre d’une sclérose en plaques qui s’aggrave de jour en jour. Elle se déplace en fauteuil roulant car elle ne peut plus se servir de ses membres inférieurs et a des difficultés à se servir de ses membres supérieurs pour effectuer des gestes précis. Elle souffre de dépression depuis quelques mois. Elle pleure fréquemment, souffre de problèmes d’insomnie et est très angoissée par sa maladie. Elle parle aussi beaucoup de son identité de femme, qu’elle dit « perdue ».

Les soins effectués lors de cet accompagnement sont :

  • Un soin du visage qui a pour objectif de détendre Mme E. et de la recentrer sur elle-même et sur son bien-être.
  • Un soin du visage en autonomie qui permet à Mme E. de s’approprier les bons gestes, d’améliorer sa confiance en elle et de lui redonner l’envie de s’occuper d’elle.
  • Un modelage des mains et des bras qui apporte de la détente et de l’apaisement à Mme E. qui ressasse des idées noires.
  • Un maquillage qui a pour objectif de renarcissiser Mme E. et qui contribue aussi à sa reconstruction identitaire.

Le suivi psycho-socio-esthétique a permis d’apporter à Mme E. de la détente et du réconfort dans cette perpétuelle souffrance. Il lui a aussi permis d’acquérir de l’autonomie dans sa gestuelle de beauté ainsi que de la confiance en elle. Grâce au soin du visage et au maquillage, Mme E. a retrouvé sa féminité et une meilleure image d’elle. Son estime de soi est donc renforcée.

Madame S., 64 ans, hospitalisée dans un service de rééducation neurologique, depuis plus d’un an. Elle souffre non seulement d’une paraplégie mais aussi d’une dépression. Mme S. exprime régulièrement son état dépressif : elle a perdu toute motivation dans sa rééducation et elle se dit très fatiguée.

Les soins effectués sont :

  • Un soin des mains qui permet de faire connaissance avec Mme S. et d’instaurer une relation de confiance.
  • Un soin du visage qui apaise et détend Mme S. qui ressasse son mal-être au sujet de sa rééducation.
  • De nouveau un soin des mains dans l’objectif d’apporter du plaisir à Mme S. et de lui faire « oublier » quelques instants ses soucis.
  • Un maquillage qui permet à Mme S. de se rappeler son goût pour le maquillage et de se visualiser en dehors du monde médical ce qui lui apporte légèreté et bonheur.

A la fin du suivi, Mme S. me confie que les soins psycho-socio-esthétiques lui ont apporté du bien-être et du réconfort pendant cette période difficile. Elle garde un bon souvenir du maquillage et des poses de vernis qui lui ont apporté une certaine légèreté ainsi que la possibilité de se projeter de nouveau dans une vie à l’extérieur de l’hôpital.

Madame L., 89 ans, résidente en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) depuis plusieurs mois, souffre de dépression. Elle a perdu son mari récemment et elle souffre d’un grand isolement. Très coquette auparavant, ses proches ont remarqué un certain laisser aller au niveau de son apparence.

Les soins effectués lors de l’accompagnement sont :

  • Un soin des mains afin de faire connaissance avec Mme L. et d’instaurer une relation de confiance.
  • Un modelage du visage qui permet à Mme L. de retrouver des sensations de plaisir et de bien-être. Celui-ci lui apporte détente et apaisement et ravive des souvenirs agréables de son enfance.
  • Un soin du visage qui apporte du confort à Mme L. ainsi qu’une grande détente. Celle-ci touche sa peau avec plaisir et demande à se regarder dans le miroir. Elle va elle-même chercher sa trousse à maquillage afin que je lui fasse une mise en beauté.
  • Une épilation du visage à la demande de Mme L. qui, lorsqu’elle touche son visage et qu’elle se regarde dans le miroir, semble soulagée.
  • Un soin des mains dans un atelier de groupe dans lequel Mme L. commence à communiquer avec les autres résidentes présentes.

A la fin de l’accompagnement, Mme L. constate avoir une meilleure image d’elle-même et ressent de nouveau l’envie de prendre soin d’elle. Elle souhaite aussi continuer les ateliers de groupes qui lui permettent de se sentir moins seule et d’oublier quelques instants sa situation.

Contact :

Mail : laura.psychosocioesthetique@gmail.com

Téléphone : 07 83 21 85 08

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